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Des nouvelles d'Emergences
27 JUILLET 2016

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A la rentrée, Emergences vous propose de nombreux cycles mindfulness, dont 2 spécifiques : un cycle de préparation à la naissance et un cycle d'approfondissement "pleine conscience et communication".
Inscrivez-vous à nos séances d'info, à Bruxelles, Liège et Court Saint Etienne !

Cycles mindfulness en 8 semaines

A Liège, 3 cycles animés par Caroline Jacob, programmés chacun à un horaire différent :
Chaque lundi de 14h à 16h30, du 5 septembre au 24 octobre
Chaque mercredi de 19h à 21h30 du 7 septembre au 26 octobre (complet)
Chaque vendredi de 14h à 16h30 du 9 septembre au 28 octobre

A Bruxelles, cycles animés par Ilios Kotsou, Ozan Aksoyek et Nastasya Van der Straten
Chaque lundi de 19h à 21h30 du 5 septembre au 31 octobre (complet))
Chaque mardi de 19h à 21h30 du 6 septembre au 25 octobre (complet)
Chaque mercredi de 9h30 à 12h du 7 septembre au 26 octobre

Chaque jeudi de 13h30 à 16h du 8 septembre au 27 octobre
Chaque lundi de 9h30 à 11h du 19 septembre au 14 novembre (complet)

A Court Saint-Etienne, cycle animé par Nastasya Van der Straten
Chaque jeudi de 9h à 11h30 du 8 septembre au 27 octobre
 

Programmes spécifiques

A Bruxelles, cycles animés par Caroline Lesire, Faouzia Ismaïli et Ozan Aksoyek

* Préparation à la naissance basée sur la pleine conscience en 8 semaines
Chaque vendredi de 18h15 à 20h45 du 30 septembre au 18 novembre

* Cycle d'approfondissement "pleine conscience et communication" en 6 semaines
Chaque vendredi de 9h30 à 12h du 16 septembre au 28 octobre


Des nouvelles d'Emergences
16 MAI 2016

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Habituellement en charge des questions internationales pour La Libre Belgique, la journaliste Sabine Verhest s'est aventurée... à Liège pour une immersion "pleine conscience" avec Caroline Jacob, notre nouvelle instructrice pleine conscience labellisée "Emergences" dans la région. Avec à la clé un dossier passionnant sur l'aventure de la pleine conscience dans le supplément Memento, à découvrir ici.
La prochaine séance d'info pour les groupes que Caroline animera à la rentrée aura lieu le lundi 6 juin à 20h, participation gratuite mais inscription recommandée (rubrique agenda).


 


Des nouvelles d'Emergences
05 AVRIL 2016

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Nous sommes heureux de vous annoncer la venue du Dalaï-Lama à Bruxelles en septembre prochain, deux semaines avant nos traditionnelles journées Emergences, qui se dérouleront cette année le weekend du 24 et 25 septembre sur le thème de la transmission (plus d'infos prochainement).
Il participera à la conférence scientifique Power & Care du 9 au 11 septembre à BOZAR et donnera une conférence publique le dimanche 11 septembre au Palais 12.
Emergences est partenaire de Mind and Life Europe pour l'organisation et la promotion de ces événements.
Infos et réservations :
http://www.powerandcare.org/
http://www.dalailama2016.be/
Prix préférentiel pour les membres Emergences (destiné aux personnes n'ayant pas les moyens financiers actuellement de débourser le prix normal) : 154 euros au lieu de 490 euros. Pour en bénéficier, devenez membre d'Emergences en ligne puis cliquer sur ce lien qui vous permettra de réserver au tarif préférentiel.


Les tourbillons de la vie par Edel Maex
04 AVRIL 2016

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"Le droit d’exister est le point de départ pour tout. C’est reconnaître l’existence d’une personne en tant que personne. Non pas parce que cela m’arrange, ni parce que cette personne satisfait mes espérances, mais parce qu’elle est là. (...) Depuis ce droit d’existence intangible, depuis ce lieu dont je ne peux être délogé, et vous non plus d’ailleurs, je peux reprendre pied dans le monde, agir, trébucher, rencontrer la beauté humaine, être profondément blessé, et surtout vivre, vivre intensément avec tout ce que cela implique, le beau et le laid, la joie et le tragique de ce qu’est l’essence même de l’humain. ."

Edel Maex publie régulièrement de très beaux textes sur son blog. Grâce à l'aide généreuse de bénévoles, nous avons entrepris de les traduire en français afin d'en faire profiter un plus grand nombre. Merci à Anne-Marie qui a traduit ce billet.

Dans notre groupe zen, nous avons l’habitude de nous incliner, d’abord vers nos coussins, puis vers chacun d’entre nous, et ensuite d’aller nous asseoir. C’est un rituel simple. Les nouveaux arrivants sont souvent surpris et nous demandent la signification de ce rituel. Une des caractéristiques du bouddhisme est la signification, le sens donné à chaque rituel. Nous n’accomplissons pas ces gestes par habitude ou pour nous plier à une convenance.
Pour les Occidentaux modernes que nous sommes, s’incliner est difficile. C’est comme s’il fallait se soumettre à une haute autorité. Mais on peut s’incliner devant et s’incliner vers. Alors que s’incliner devant est un signe de soumission, s’incliner vers est un geste de respect, de reconnaissance. Dans notre groupe zen, nous faisons uniquement des inclinaisons vers. Si je m’incline vers mon coussin, je me donne à moi-même le droit d’exister. En nous inclinant les uns vers les autres, nous reconnaissons réciproquement notre droit d’existence.

Le droit d’exister est le point de départ pour tout. C’est reconnaître l’existence d’une personne en tant que personne. Non pas parce que cela m’arrange, ni parce que cette personne satisfait mes espérances, mais parce qu’elle est là. Par le salut à notre propre place et aux personnes présentes, nous exprimons cela délibérément. Après la méditation, nous récitons ou chantons: « Les êtres vivants sont innombrables mais je fais le vœu de tous les libérer ». La première chose dont je dois délivrer les autres (et moi-même), c’est l’exigence de répondre à mon plan, à mon besoin. Libérer l’autre, c’est avant tout reconnaître l’autre comme autre.

C’est une illusion de penser qu’un autre, ou moi-même, pourrait répondre à mes espérances. Non pas à cause de l’imperfection de l’autre ou de moi-même, mais bien parce que mes désirs sont  sans fin. L’autre ne remplira jamais ce grand vide en moi, ce puits sans fond, ce manque infini. C’est pour cela que les relations se brisent. Nous espérons que l’autre nous rendra heureux. Parfois, on se le promet l’un à l’autre. Mais cela n’arrivera jamais. Vivre ensemble, ce n’est possible qu’à la condition que l’autre puisse être autre et reconnu comme tel. C’est très fragile. Il suffit d’un qui ne s’y tienne pas, et on se sent étranger chez soi.

Dans le groupe aussi: il suffit d’un qui réclame toute l’attention sans avoir d’attention pour les autres, et il n’y a alors plus d’espace pour la vulnérabilité. Dans la vie en société également: il suffit d’une personne en possession d’une arme et c’en est fini de la sécurité dans les rues. Nous sommes dépendants les uns des autres.

Nous pourrions considérer que tout ce que nous affirmons ici à propos du droit d’existence relève du monde des chimères et nous promener tous, au propre ou au figuré, avec des armes. Nous vivrions alors dans une guerre perpétuelle. Ou nous pourrions, peut-être contre toute évidence, recommencer toujours, échouer, et à nouveau se donner une chance. C’est ce que nous exprimons  par le geste rituel du salut. Chaque fois. Et c’est pourquoi nous disons : « Je promets de tous les libérer. » C’est un choix.

Ensuite nous nous asseyons sur notre coussin et nous donnons le droit d’être à tout ce qui advient, à nos pensées, nos émotions, notre corps. Rien n’est exclu. Cela englobe aussi l’image que nous avons de nous-mêmes, l’image que nous avons des autres, les attentes que nous avons envers nous-mêmes et envers les autres. Si tout a le droit d’exister, aucune de ces sensations n’est exclue. Nous donnons le droit d’exister, mais pas le droit d’exclusivité. Nous ne nous y identifions pas.

Selon certaines traditions bouddhistes, la reconnaissance de soi constitue un tabou intégral. Le soi, l’ego sont considérés comme un obstacle sur le chemin vers l’illumination; la soumission radicale au professeur, telle est la voie vers la libération de soi, et la mort de l’ego le but de la pratique. Là, on s’incline à nouveau devant. A mes yeux, c’est une forme de violence. Notre ego aussi a le droit d’exister, simplement exister, sans exclusivité.

Je ne peux être pour les autres que ce que je suis pour moi-même. Je ne peux reconnaître l’existence de l’autre que si je reconnais d’abord ma propre existence. Selon mon expérience personnelle, la plus grande difficulté à cet égard est le chagrin de ne pas s’accepter soi-même. M’accepter tel que je suis signifie aussi accepter ma tristesse et ma douleur. Parfois cela devient tellement envahissant que l’on s’isole. C’est ce que j’ai ressenti dans ma vie et c’est ce que je vois souvent chez les autres. Dans ma crispation à garder le chagrin à distance, j’étais devenu dur et impitoyable tant pour moi que pour mon entourage. Ce n’est qu’en apprenant à méditer que j’en ai pris conscience, ce qui a rétabli le flux. Ceci ne peut s’opérer qu’au moyen d’une compassion sans borne.

Depuis ce droit d’existence intangible, depuis ce lieu dont je ne peux être délogé, et vous non plus d’ailleurs, je peux reprendre pied dans le monde, agir, trébucher, rencontrer la beauté humaine, être profondément blessé, et surtout vivre, vivre intensément avec tout ce que cela implique, le beau et le laid, la joie et le tragique de ce qu’est l’essence même de l’humain. C’est pour cette raison que dans notre groupe nous avons l’habitude de ne pas nous incliner en quittant le zendo : nous ne partons pas, nous n’abandonnons rien derrière nous.

 


A méditer
22 MARS 2016

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Au milieu de ces nouvelles terribles, nous apprenons qu'une maman de notre cycle "Naître en conscience" a donné la vie, ce matin, à un petit Naïm.
Drôle de matin pour venir au monde à Bruxelles ou, peut-être, un signe, signe que la vie est plus forte que tout...
Juste maintenant, pour quelques instants, connectons-nous à ce petit être qui vient d'arriver sur notre drôle de planète, rappelons-nous de la puissance de l'amour dans ces moments si douloureux, et ouvrons nos cœurs, choisissons de porter le regard vers ce qui va bien, dans ce monde tourmenté...

Longue et belle vie à toi, Naïm, on va continuer à se bouger pour te construire un monde qui tourne mieux, pour toi, pour Nefeli, pour tous les enfants d'ici et du monde entier !


Emergences recommande
01 MARS 2016

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Ostéopathe de formation, instructrice MBCT, Caroline Jacob, qui vient de rejoindre l'équipe d'Emergences, donnera une conférence sur la pleine conscience le jeudi 10 mars à 19h30 à Liège.
A l'invitation du service de promotion de la santé de la Province de Liège, elle présentera les processus à l'oeuvre dans la méditation de pleine conscience et ses apports en lien avec le stress et la prévention de la rechute dépressive, et répondra aux questions du public.
Cette conférence est gratuite (réservation obligatoire) et se déroulera dans la Salle Académique de l'Ulg - Place du XX Août à Liège.
Pour assister à cette très chouette soirée, réservez vite votre place en appelant le 04/237.94.15 ou par mail, spps@provincedeliege.be.

 



Les tourbillons de la vie par Edel Maex
11 FéVRIER 2016

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"Cette capacité à rester présent sans détourner le regard et sans se perdre, (...) c’est ce que nous exerçons quand nous pratiquons la méditation : se calmer, ouvrir notre esprit et notre cœur et rester présent. C’est pour cela que la compassion commence par nous-même. Notre coussin de méditation est l’endroit par excellence pour la compassion.
Savez-vous vous asseoir avec votre chagrin, ouvrir votre esprit et votre cœur et rester présent ? Avant de commencer à méditer, c’était impensable pour moi. J’ai du l’apprendre en étant assis sur mon coussin."


Edel Maex publie régulièrement de très beaux textes sur son blog. Grâce à l'aide généreuse de bénévoles, nous avons entrepris de les traduire en français afin d'en faire profiter un plus grand nombre. Merci à Marthe qui a traduit ce billet.

Nous vous rappelons qu'Edel sera en conférence gratuite avec Emergences à la Foire du Livre de Bruxelles le dimanche 21 février à 15h, présenté par notre ami Ozan. Inscriptions ici.


Le psychologue Paul Bloom est en train d’écrire un livre sur l’empathie. Il en parle beaucoup dans ses interviews sur YouTube : il est contre. Il dit certainement des choses intelligentes, mais je trouve un peu dommage de vouloir absolument attirer l’attention sur un mot en l’utilisant autrement que dans son sens courant. Quand le président Obama parle d’ « empathy deficit », il parle d’autre chose.
Bloom a cependant raison, dans le sens où le concept d’empathie comme utilisé habituellement dans les recherches scientifiques actuelles concerne trois définitions : savoir ce que quelqu’un ressent, se sentir de la même manière qu’une autre personne, et avoir des sentiments pour cette personne. Tania Singer, chercheuse elle aussi, a démontré que ces définitions impliquaient trois circuits différents dans le cerveau.
La première définition, savoir ce que quelqu’un ressent, fait partie de ce qui est appelé maintenant « theory of mind ». C’est une capacité à voir la perspective de l’autre et de se rendre compte que l’autre a d’autres sentiments, pensées et besoins que vous. Certaines personnes souffrant d’autisme obtiennent des résultats très bas pour cette aptitude alors que les psychopathes sont très bons. Il est fréquent que la communication se passe mal, justement à cause de la non-reconnaissance de ce qui est « autre » chez l’autre. A ce sujet, un simple « comment cela se passe-t-il pour toi ? » peut faire des miracles.
En psychologie, on n’utilise le terme empathie que pour la deuxième définition. Si des cobayes voient une vidéo dans laquelle quelqu’un se pique avec une aiguille, ils ressentent la piqûre dans leur propre main. Il s’agit littéralement de « ressentir comme ». Pour éviter tout malentendu, j’utiliserai ensuite le terme « ressentir comme » et non empathie.
D’après Paul Bloom, le « ressentir comme » n’apporte que des problèmes. Nous serions de meilleures personnes sans cela. Il prétend que nous nous comportons de manière plus éthique quand nous nous basons sur la rationalité plutôt que sur nos sensations. Cela manque de profondeur à mes yeux. Le fait est que nous avons des émotions. C’est comme dire que les gens feraient mieux de ne pas tomber amoureux et de choisir leurs partenaire sur base d’arguments rationnels. Je ne pense pas qu’on puisse en faire un livre, même si personne ne niera que le fait d’être amoureux mène souvent à des problèmes.
Le « ressentir comme » n’est pas la compassion. Pas qu’il n’y ait pas de « ressentir comme » dans la compassion, mais parce que, dans la compassion, l’accent se déplace de « ressentir comme » vers « ressentir pour ».
Le « ressentir comme » n’amène pas toujours de la compassion ou une plus grande implication. Au contraire, c’est souvent la raison pour laquelle les gens abandonnent. Les gens qui ont subi quelque chose de grave perdent, à leur grand affolement, une grande partie de leur cercle d’amis. « C’est dans le besoin qu’on reconnaît ses amis ». Les gens qui abandonnent ne sont pas de dangereux psychopathes. Au contraire, c’est justement parce qu’ils « ressentent comme » qu’ils abandonnent, parce qu’ils ne savent que faire de ce « ressentir comme ». Nous n’avons pas beaucoup de bon sens quand il s’agit de gérer la douleur. Nous essayons souvent de repousser le chagrin et celui des autres est justement beaucoup plus facile à éviter que le nôtre.
Inversement, le «ressentir comme » peut nous amener des problèmes, si nous ne gérons pas notre propre douleur. Les images horribles des guerres et de la violence, des arrivées massives de réfugiés ne nous laissent pas de glace. Nous sommes touchés. J’entends autour de moi que cela empêche beaucoup de gens de dormir.
Une source très connue de burn-out chez les professionnels de la relation d'aide est ce qu’on appelle la fatigue de la compassion. Que faire de toute cette souffrance humaine qu’on doit gérer tous les jours en tant que soignant ? Et à l’inverse, quel est l’intérêt d’avoir un thérapeute en larmes et inconsolable en entendant votre histoire ? Ce terme est clairement mal choisi : ce n’est pas à cause de la compassion que l'on s’écroule, mais à cause de notre « ressentir comme », que nous ne savons pas comment utiliser. A présent, on commence d’ailleurs à entendre "fatigue de l'empathie".
Un autre aspect problématique du “ressentir comme” est qu’il est particulièrement sélectif. Si un cobaye voit une vidéo d’une main qui se fait piquer par une aiguille, il ressent de la douleur. Mais il la ressent moins fort si la main est noire et que lui-même est blanc et inversément. Dans une autre étude sur le même sujet, il est apparu que les supporters de football « ressentent » plus fort quand il s’agit des supporters de leur propre club que ceux des adversaires.
Confucius disait déjà que entre les 4 mers, tous les hommes sont frères. Un vœu pieu qui n’est toujours pas devenu réalité, vingt-cinq siècles plus tard. C’est propre aux hommes de se comporter différemment selon le groupe d'appartenance. Et c’est comme ça que des personnes adorables peuvent être très cruels dans le même temps. Comment est-ce possible qu’un commandant de camp de concentration soit en même temps un gentil papa pour ses enfants ? Dès que nous cessons de voir l’autre comme un être humain, notre « ressentir comme » s’arrête.
Le « ressentir comme » est un sentiment avec lequel nous sommes souvent, et de manière très consciente, manipulés. La valeur-« entertainment » de la photo de l’enfant mort rejeté par la mer est gigantesque. Personne ne parle des autres enfants morts. Les organisations qui font de la récolte de fonds savent très bien jouer avec notre « ressentir comme ». Nous sommes aussi manipulés par le monde politique. Nous ne pouvons pas savoir quelle information nous est présentée de manière sélective et ce qui nous est caché. De cette manière, on nous manipule imperceptiblement à « ressentir comme » un groupe et à voir les autres comme s’ils n’étaient pas humains.
Puis-je éteindre ma TV alors, ou dois-je continuer à regarder ? Et pourquoi continuons nous à regarder ces images horribles ? Qui aidez-vous en restant éveillé ? Paul Bloom plaide pour un « altruisme effectif » qui ne se base pas sur le « ressentir comme » mais sur la pensée rationnelle basée sur une information correcte. Souvent, les gens se sentent coupables de détourner le regard. Ou indignés moralement si quelqu’un leur dit que c’est OK d’éteindre la TV. C’est aussi sur cela que les médias jouent sans pitié, sur ce sentiment de culpabilité qui est enraciné dans une grande méfiance, au plus profond de nous et dans la notion d’un égo qui est, par nature, immoral. Cette vision de l’égo n’a rien à voir avec le bouddhisme. Elle est entrée insidieusement dans le bouddhisme quand le christianisme est arrivé en Occident. En ce qui me concerne, cette vision n’est pas non plus inhérente au christianisme, mais elle a fini par y être très fort associée. Si on est sans pitié avec soi-même, le « aime les autres comme toi-même » devient un appel à la violence.
C’est probablement aussi une des raisons pour laquelle il manque un bon mot pour « compassion » dans notre langue. Le Dalai Lama fut très étonné, lorsque, après une confusion de langage complète, il apparut que le mot « compassion » en anglais ne portait que sur les autres et pas sur soi-même.
Dans le bouddhisme, on utilise le terme karuna. Karuna n’existe pas en soi, mais est un des 4 brahmaviharas. Lors que les brahmanes demandèrent à Bouddha quel était le chemin vers une réunion avec les dieux (brahma), il leur conseilla, pragmatique comme il était, de ne pas chercher trop loin et de la réaliser tout de suite en résidant (vihara) dans l’amour, la compassion, la joie et la franchise (metta, karuna, mudita, upekkha).
En dépit de notre manque de confiance en nous, metta et karuna font partie de nos sentiments les plus naturels. Metta est le fait de souhaiter le bien à quelqu’un. C’est le désir que ça aille bien, que quelqu’un soit heureux. Karuna, c’est notre gestion de sa souffrance, c’est le désir que la souffrance cesse. Contrairement au « ressentir comme », il y a, dans metta et karuna, une intention claire. Mudita signifie que nous continuons à voir la beauté et la bonté dans le monde et que nous continuons à l’apprécier. Cela empêche l’aigreur et la rancœur que nous pouvons accumuler, quand nous sommes confrontés à autant de souffrance.
Mais comment pouvons nous y arriver ? Etre au milieu du monde avec de la bonne volonté, en étant compassionnés, sans perdre des yeux ce qui est beau, sans abandonner ni sombrer ? Que Paul Bloom le veuille ou non, nous « ressentons avec ». Et comment pouvons-nous gérer ce « ressentir avec » ?
Upekka est la capacité à rester présent sans détourner le regard et sans se perdre. C’est un compromis entre nier et être entraîné. C’est ce que nous exerçons quand nous pratiquons la méditation : se calmer, ouvrir notre esprit et notre cœur et rester présent. C’est pour cela que la compassion commence par nous-même. Notre coussin de méditation est l’endroit par excellence pour la compassion. Savez-vous vous asseoir avec votre chagrin, ouvrir votre esprit et votre cœur et rester présent ? Avant de commencer à méditer, c’était impensable pour moi. J’ai du l’apprendre en étant assis sur mon coussin.
C’est seulement à ce moment qu’a commencé à apparaître la signification d’être présent pour le chagrin d’un autre. La compassion n’est pas optionnelle. Elle appelle à la présence et à l’action. Contrairement à un “ressentir comme” passif, la compassion est un élan actif. Finalement, peut-être que « l’altruisme effectif » de Paul Bloom n’est pas une si mauvaise idée...

 


Des nouvelles d'Emergences
31 JANVIER 2016

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Cette année, Emergences est partenaire de la Foire du Livre de Bruxelles, qui se déroulera à Tour & Taxis du 18 au 22 février prochain sur le thème du bonheur.
Dans un monde où le malheur a si souvent les honneurs des médias, la Foire du Livre a fait le choix de parler de ce bonheur qui, désespérément, est l’objet de notre quête à tous. C'est un thème qui permet d’aborder de grands enjeux citoyens : penser à l’autre, penser à soi, penser à se faire du bien, penser à protéger l’environnement qui est notre bien commun, penser à une économie qui rime avec humanisme et développement durable.
Chaque jour, l'équipe de Graines d'Emergences proposera au public scolaire deux ateliers de méditation. La Grand Place du Livre abritera par ailleurs chaque jour une conférence labellisée Emergences, de 15h à 16h. Et le samedi 20, vous aurez droit à 3 rencontres pour le prix d'une !

- Etre joyeux, être-ce toujours être fou de joie ?
par Charles Pépin, le jeudi 18 février de 15h à 16h
- Les entreprises humanistes, au services des salariés et du monde
par Jacques Lecomte, introduit par Anne-Valérie Giannoli, le vendredi 19 février de 15h à 16h
- Savourer l'instant présent
une rencontre entre Eve Ricard et André Comte Sponville, modérée par Ilios Kotsou, le samedi 20 février de 14h à 15h
- Le bonheur vu du Bhoutan
par Isabelle Cassiers, introduite par Sabine Verhest, le samedi 20 février de 15h à 16h
- Est-il possible d'être heureux aujourd'hui ?
par Ilios Kotsou, le samedi 20 février de 16h à 17h (organisé par Psychologies Magazine)
- Bonheur & mindfulness
par Edel Maex, introduit par Ozan Aksoyek, le dimanche 21 février de 15h à 16h
- Le bonheur au travail
par Laurence Vanhée, introduite par Egide Altenloh, le lundi 22 février de 15h à 16h.

Pour être surs de pouvoir assister aux rencontres, nous vous recommandons de vous inscrire via notre site.
Pour toute question ou renseignement, visitez le site ou contactez-nous sur info@emergences.org
 

 


Emergences recommande
27 JANVIER 2016

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Si vous ne l'avez pas encore vu, courez voir "Demain", nominé aux Césars 2016 du meilleur documentaire. C'est un magnifique road-movie réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent. Leur pari ? Raconter une histoire qui fait du bien pour sensibiliser le public aux enjeux écologiques, économiques et sociaux de notre époque.
Sur une musique inspirante, avec de très belles images et surtout des rencontres avec de très belles personnes, ils nous donnent le peps et nous montrent que les solutions sont à portée de main de chacun.

En mettant bout à bout les initiatives positives et concrètes de ces pionniers qui réinventent l’agriculture, l’énergie, l’économie, la démocratie et l’éducation, on commence à voir émerger ce que pourrait être le monde de demain.
On aimerait que tous les décideurs le voient en masse (et notamment ceux en charge de la mobilité à Bruxelles : même les tunnels nous font passer le message qu'il est temps de passer à autre chose que le tout voiture ;-)
Bref, parlez-en autour de vous et surtout, régalez-vous !