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Archive du blog pour 2015

Des nouvelles d'Emergences
29 DéCEMBRE 2015

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Les 23 et 24 janvier prochains, rejoignez-nous pour un weekend en compagnie de Christophe Massin, médecin psychiatre et psychothérapeute, sur le thème de l'alchimie des émotions.
Dans cet atelier, Christophe -qui étudie le rôle et l’impact des émotions depuis plus de 30 ans- nous invite à repenser la relation que nous entretenons avec nos émotions. Selon lui, refuser ses émotions ou mal les comprendre entraine de la souffrance.
Inspiré notamment par la spiritualité indienne, il nous montre que tranformer les émotions par un travail d’acceptation peut nous conduire à une vie pacifiée et nous permettre d’accéder à l’amour de soi et des autres.
Le philosophe Alexandre Jollien, qui a préfacé son ouvrage " Souffrir ou aimer : transformer l'émotion" (qui a gagné le Prix Psychologies Fnac du meilleur essai 2014)  écrit : « L’émotion ne tue pas et la ressentir à fond est, sans conteste, nous prémunir de ce qui détruit […] ». « En un mot, il nous convie à un amour libre et joyeux. »
Inscriptions et informations


A méditer
18 DéCEMBRE 2015

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« Comment pouvons nous, de manière pragmatique, aider le monde à aller mieux ? »

C’est une des questions posées par le Dalaï-Lama en ouverture de la 30ème rencontre du Mind & Life Institute à Bylakuppe, en Inde.
« Nous ne pouvons pas nous contenter de nous asseoir pour prier afin de résoudre les problèmes » a il ajouté. "Ce n’est pas l’eau bénite qui nous sauvera. Nous avons chacun et chacune la responsabilité de nous remettre en question."
Les problèmes ont été créés par les êtres humains et c’est d’eux que peut aussi venir la solution. Chacun à notre niveau, au quotidien, avec nos proches ou dans nos entreprises, nous pouvons être un élément de cette solution. Dans notre manière d’être présents à la vie, d’éclairer et de prendre soin de tout le potentiel de bonheur et de bonté qu’il y a en chacun(e) d’entre nous. Dans notre manière de nous engager avec enthousiasme sur un chemin de conscience, de sagesse et de compassion."


A méditer
15 DéCEMBRE 2015

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"La vraie maladie, c’est de perdre le goût du monde."

Au mois d'août dernier, nous avons eu le privilège de passer quelques jours chez Eve Ricard et son mari. Lors de nos Journées Emergences 2013, elle nous avait livré un magnifique témoignage dont voici quelques extraits choisis :
"Quand on m'a appris que j'avais la maladie de Parkinson, il y a eu en moi comme une déflagration. Tout a volé en éclats : mes habitudes, mes préjugés, mes peurs. On me dit que cette maladie est évolutive et qu'on ne sait pas la guérir.
(...) Comment continuer à vivre ? Comment continuer à être avec les autres ? Aujourd'hui je sais que j'ai une maladie et pourtant je ne suis pas cette maladie et je ne le serai pas.
(...) Face à cette maladie je ne vais plus penser à ce qui me fait défaut mais à la chance de vivre au quotidien ; sans attente, c'est l'arrêt des peurs. Ce qui a été s'efface et l'avenir ne viendra que plus tard.
(...) Chaque matin s'ouvre sur un jour où je vais aimer, partager, désirer, rêver. Je bénis doublement l'instant, ce présent sans cesse renouvelé qui fait du temps une profondeur, non une durée.
(...) La croyance commune est que la maladie a prise sur nous et non pas nous sur elle. L'esprit serait-il alors soumis au corps souverain. En nous, hors de nous, autour et partout : une seule et même énergie. Ni bonne ni mauvaise : bonne et mauvaise. Offrir ou prendre reviennent comme la lumière du jour. Avoir l'avantage, c'est connaître sans voile son adversaire. Face à la peur vient l'abandon de la peur."

Cet été, nous avons enregistré une séquence vidéo où elle parle de son rapport à la peur. Au coeur de nos Journées Emergences de septembre dernier, la peur est une émotion très présente dans la vie de nombreuses personnes, notamment ces derniers mois.
Puissent les mots d'Eve vous accompagner et vous nourrir le coeur et l'âme, et notamment son dernier ouvrage "Une étoile qui danse sur le chaos" qui nous a beaucoup touchés.

 


Des nouvelles d'Emergences
09 DéCEMBRE 2015

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Après Bruxelles & Court-Saint-Etienne, nous sommes heureux de vous proposer, dès janvier prochain, des cycles "apprivoiser le stress et les émotions par la pleine conscience" labellisés Emergences à Liège. Ils seront animés par Caroline Jacob, qui vient de rejoindre notre équipe d'instructeurs.
Ostéopathe, instructrice certifiée de méditation de pleine conscience (MBCT) et pratiquant le yoga et la méditation depuis plus de 20 ans, Caroline est une femme passionnée, profonde, engagée, joviale et compétente.
N'hésitez plus à vous inscrire, c'est par ici. Trois cycles sont proposés au mois de janvier pour Emergences : chaque lundi de 14h à 16h30, du 18 janvier au 7 mars ; chaque jeudi de 19h30 à 22h  du 21 janvier au 17 mars et chaque vendredi de 14h à 16h30 du 22 janvier au 18 mars. Ils auront lieu à l'Espace Corps et Conscience (107, boulevard Kleyer 4000 Liège).
Et pour ceux qui veulent en savoir plus sur les effets (documentés) de la méditation sur le corps, lisez cette notice.

 


 

 


Les tourbillons de la vie par Edel Maex
26 NOVEMBRE 2015

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"La méditation rend-elle meilleur? La réponse est très simple : Vous allez devenir meilleur dans ce que vous faites. Que faites-vous? "

Edel Maex publie régulièrement de très beaux textes sur son blog. Grâce à l'aide généreuse de bénévoles, nous avons entrepris de les traduire en français afin d'en faire profiter un plus grand nombre.
Merci à Bénédicte qui a traduit ce billet, dont le sujet résonne particulièrement en cette période de bouleversements...

La méditation rend-elle meilleur ? C'est une question qui m'a été posée à plusieurs reprises.
Une réponse immédiate pourrait être: la méditation n'a pas de but. Il n'y a rien à atteindre ou à ne pas atteindre. D'un point de vue absolu ou non-duel, c’est certainement vrai. Mais il est un peu trop facile d’abuser de la perspective absolue pour se soustraire aux questions difficiles de la réalité conventionnelle ;-)
Ce qui est sûr, c'est que la méditation a  un impact sur les personnes qui la pratiquent. Mais ce qui m'a longtemps étonné dans ce domaine, c’est de constater combien ces effets peuvent être différents. Au fil des ans, j’ai vu beaucoup de gens s’adoucir, mais j'en ai vu d'autres se durcir. Pour certains, j'ai vu plus de respect de soi, chez d'autres un sentiment croissant d'échec. Certaines personnes devenaient plus accessibles, d'autres inaccessibles, certaines plus impliquées, d'autres indifférentes.
Ce qui m'a également surpris,  c'est que quand deux personnes disent, « je fais du zen», cela ne veut absolument pas dire qu'elles font la même chose. Dans les premières années, je pensais ainsi : «la méditation, c'est ...» et quiconque complétait cette phrase dans un sens différent du mien, n'avait rien compris. Cela ne fonctionnait pas, alors j'ai réduit à: « le zen, c'est ...», mais cela ne fonctionnait pas non plus. Et la phrase : « la pleine conscience est l'essence de la méditation bouddhiste » était peut-être correcte en théorie, mais, en pratique, elle n'a aucun sens parce que tant la « pleine conscience » que la « méditation bouddhiste» sont des termes qui semblent couvrir des réalités très différentes.
Et il y a même des traditions qui ne pratiquent pas du tout la méditation, même dans le zen. Lorsque deux moines chinois du monastère mère de la Mahakaruna Chan participèrent à une sesshin à Steyl, il apparut que c'était la première fois qu'ils pratiquaient quelque chose de ce genre.
Le Pali et le Sanskrit semblent ne pas avoir un terme unique pour la méditation. Il y a plusieurs termes qui sont traduits par le terme « méditation ». Un de ces mots est bhavana. La traduction de bhavana en « méditation » trahit notre préjugé culturel. Bhavana est dérivé du terme « bhava », et cela signifie quelque chose comme «faire naître». On pourrait le traduire par «cultiver».
Dans le Canon Pali, il y a cette belle histoire de deux ascètes qui cherchent le Bouddha (MN 57). Le premier a, comme pratique ascétique, le vœu de se comporter comme un chien, l'autre comme une vache. Leur question au Bouddha est de savoir comment ils renaîtront. L'idée sous-jacente est bien sûr que l'ascétisme extrême efface le karma négatif et conduit à une naissance plus élevée. Dans un premier temps, le Bouddha ne  veut pas du tout répondre à leur question, mais ils insistent. Le Bouddha répond que s'ils mènent leur pratique de vie comme un chien ou une vache à la perfection, alors ils renaîtront comme un chien ou une vache. Le mot utilisé ici est bhaveti, un verbe dérivé de la même racine que bhavana. Cependant, ajoute le Bouddha, s'ils le font avec la vision erronée qu'ils renaîtront dans le monde des dieux, ils renaîtront dans l'enfer. Les deux ascètes en sont dépités. Le Bouddha conclut sa réponse avec une explication sur le karma.
Cette histoire illustre très bien la façon d'enseigner du Bouddha. Il ne rejette pas la vision du monde de ses auditeurs mais il la modifie. Le message est comme toujours très pragmatique : « ce que vous faites, vous le cultivez ». Et donc : « Faites ce que vous voulez cultiver. »
«Je fais du zen», ou «je médite » n'a pas beaucoup de sens. La question est : « Que faites-vous sur votre coussin? Que cultivez-vous exactement? » Et : « Que voulez-vous cultiver, sur votre coussin et au-delà ? » Ce sont des questions auxquelles vous seul pouvez répondre. Personne d'autre ne peut savoir ce que vous êtes effectivement en train de faire. Le principe est simple : vous récoltez ce que vous semez.
Le Bouddha ajoute à sa réponse une tournure particulière. S'ils pratiquent leur ascétisme à partir du point de vue erroné qu'ils vont renaître dans le monde des dieux, alors ils renaîtront dans l'enfer. Le Bouddha n'est pas moins pragmatique ici. En vous tourmentant vous-mêmes à partir de fausses hypothèses religieuses, dans l'attente d'aller au ciel, vous faites de votre vie un enfer. La vision erronée dans ce cas est de supposer que, par miracle, vous allez récolter autre chose que ce que vous semez.
Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui a commencé à méditer avec l'intention de renaître dans le monde des dieux. C'est une forme de superstition typique de l'Inde à l'époque de Bouddha. Une superstition occidentale plus contemporaine est que, grâce à notre pratique, nous allons miraculeusement atteindre l'illumination. Le principe est le même : l'illusion que vous allez récolter autre chose que ce que vous avez semé. Cela crée un enfer de frustration sans fin. Et cela sera d'autant plus grave que vous vous serez créé l'illusion, à un moment donné, de « l' »avoir atteint.
Une autre illusion courante est l'idée que la sagesse - qui vient de la méditation - mène automatiquement à l'éthique et que l'éthique ne devrait donc pas être explicitement pratiquée. Norman Fischer mentionne comme un grand manque dans le zen japonais le fait qu'il n'y ait pas un enseignement explicite sur la compassion. Mais, sur ce point, le zen n'a pas le monopole sur le découplage entre la sagesse et l'éthique.
« Vision erronée » est la traduction de micchaditthi. Cela contraste avec la « vision juste », 'sammaditthi', qui est le premier élément du Sentier Octuple. Chaque élément du sentier est précédé par le terme « samma ». Nous traduisons « samma » comme « juste », c'est un terme qui vient de la musique. « Samma » signifie « harmonieux ». Les éléments du sentier sont seulement justes dans la mesure où ils sont harmonieusement accordés les uns aux autres. Les trois groupes du Sentier Octuple: l'éthique, la méditation et la sagesse (sila, samadihi, prajna) forment un ensemble harmonieux. La sagesse détachée de l'éthique n'est donc plus « sammaditthi » mais « micchaditthi ».
Il est illusoire de penser qu'une vision ou une pratique est concevable sans éthique. Même si vous n'explicitez pas l'éthique, elle est là. La question est : « laquelle ? » L'exemple classique est le rôle du Zen dans la Seconde Guerre mondiale au Japon, où il a été utilisé entre autres pour former les pilotes kamikazes. La pratique du Zen reposait sur la conscience de l'illusion du soi et la compréhension de la non-dualité. Ce ne fut pas sans éthique, au contraire, non-soi et non-dualité signifient ici devenir un avec la nation et la famille impériale. Ce ne fut pas une éthique de la compassion, mais une discipline de mort dans le sens le plus littéral du mot. On peut parler ici de « micchaditthi ». Donc, si vous avez une pratique où l'accent est mis sur la sagesse, continuez à vous poser la même question: «Qu'est-ce que vous cultivez exactement". Et « Y a-t-il harmonie entre la sagesse et l'éthique implicite ou explicite de celles-ci »? '
Cela vaut tout autant pour la pratique de la mindfulness. Voilà pourquoi, au début, j'ai qualifié la pleine conscience comme « l'attention ouverte et bienveillante ». Même dans le cadre d'un programme en huit semaines dans un hôpital, il est important de veiller, dès le départ, à  l'harmonie entre l'éthique, la méditation et la sagesse. La méditation rend-elle meilleur? La réponse est très simple: Vous allez devenir meilleur dans ce que vous faites. Que faites-vous?


Emergences recommande
19 NOVEMBRE 2015

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Comme l'actu récente l'a encore démontré, turbulences et mutations s’accélèrent, ici et ailleurs sur notre planète, dans les domaines économique, social et politique, au niveau de nos fonctionnements tant individuels que collectifs.
Frédéric Laloux l’a décrit dans son livre « Reinventing organizations » : nous sommes en train d’évoluer vers un autre stade de développement.
Et si les partis politiques n’étaient plus ni indispensables ni nécessaires ?
Quels pourraient-être nos modes de fonctionnement collectifs pour notre « vivre ensemble » demain ? Au niveau local, régional, national, européen, planétaire ?
Et si nous participions ensemble a l’invention de ces réponses !?
C’est àcette réflexion passionnante qu'Integral Togetherness vous convie ce samedi 21 novembre 2015, de 10h à 18h, à Transforma BXL. La participation est gratuite, pour vous inscrire contactez Daniel via contact@integraltogetherness.com.

 


Des nouvelles d'Emergences
04 NOVEMBRE 2015

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En collaboration avec Amala Espace Naissance et Mamwé, nous sommes ravis de vous présenter "Naître en conscience", un cycle de 9 soirées (et une journée de retraite) et des ateliers d'initiation pour se préparer à la naissance et à la parentalité en pleine conscience. Soirée d'info le jeudi 26 novembre à 20h15.


Depuis plusieurs semaines, les sensations physiques vous titillaient, et maintenant que vous savez que vous et votre partenaire attendez un enfant, les émotions se bousculent, entre joie, crainte, incrédulité, peur...
La grossesse, puis la venue au monde de cet enfant sont des moments de grandes vagues physiques et émotionnelles, et autant d'occasions de (re)connexion à ce que la vie a de plus intense. Sujet d'inquiétude, d'excitation, de curiosité aussi, l'arrivée de ce bébé représente une nouvelle étape dans votre vie de femme, dans celle de votre partenaire, dans votre couple, votre famille.
A la lumière de la pleine conscience, Faouzia Ismaili, Caroline Lesire et Aline Schoentjes vous proposent d'explorer ces dynamiques pour vous préparer au mieux à cette nouvelle vie de parents.
Les séances s'organisent autour de moments de pratique méditative et de partage ainsi que d'informations théoriques sur l'accouchement, l'allaitement et les rythmes du tout-petit.
Les premiers cycle et atelier, qui débutent en janvier 2016, ne sont ouverts qu'à quelques couples (à partir du 5ème mois de grossesse), mais d'autres suivront dans la foulée. Si vous attendez un enfant et que ces activités vous intéressent, inscrivez-vous à notre soirée d'information le jeudi 26 novembre à 20h15 chez Amala


Emergences recommande
03 NOVEMBRE 2015

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Ce que nous vivons et analysons à juste titre comme des crises (économique, écologique, financière, crise de sens, …) peut aussi être appréhendé comme un mouvement plus global et d’ampleur plus grande : une mutation ou une métamorphose.
La vitesse, la complexité, la volatilité, l’interdépendance de ce que le manager/leader rencontre tous les jours tant dans son contexte professionnel que personnel, rend délicat cet art de manager, de diriger ses projets, ses missions, son entreprise tout en étant une personne humaine, engagée auprès de ses proches ou de ses réseaux.
Comment ne pas perdre le cap, extérieurement et intérieurement ? Comment ne pas s’épuiser ou épuiser son entourage ?
En quoi la pleine conscience, cette aptitude à être pleinement attentif à ce qui est dans l’instant peut aider le manager/leader à retrouver de la lucidité, du calme et une forme de bien-être pour lui et pour les personnes qui l’entourent ?
Toutes ces questions seront développées dans cette conférence grand public animée par Ilios Kotsou et Emmanuel Faure, organisée par le Club E6.
Inscription et réservation

 


Les tourbillons de la vie par Edel Maex
01 NOVEMBRE 2015

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"La méditation est un terrain expérimental parfait. On s’assied sur son coussin et on suit sa respiration. Quelques secondes plus tard, on tombe dans la rêvasserie. On n’a bien sûr aucune prise sur le moment où on devient distrait. Notre contrôle se situe au moment où l'on se rend compte qu’on est distrait. On a alors le choix : continuer à rêvasser ou retourner à la respiration. Ce choix n’est possible que dans l’instant. Je ne peux choisir ni hier, ni demain, seulement maintenant. Retourner à la respiration est incroyablement simple,  et cela vaut pour tous les moments de choix dans notre vie. C’est pourquoi nous cultivons notre esprit à ne pas se laisser emporter par le désir, l'aversion et l'ignorance, à garder ouverte cette liberté de choix et à ne pas provoquer de souffrance."

Edel Maex publie régulièrement de très beaux textes sur son blog. Grâce à l'aide généreuse de bénévoles, nous avons entrepris de les traduire en français afin d'en faire profiter un plus grand nombre.
Merci à Marthe, une nouvelle fois, qui a traduit ce billet sur le libre arbitre.

Le libre arbitre est à nouveau au centre de toutes les attentions. Il l’a naturellement été plusieurs fois au cours des siècles, mais les neurosciences donnent une nouvelle coloration au débat. William James, le fondateur de la psychologie occidentale, posait déjà la question en 1890 dans son ouvrage 'Principles of Psychology' avec la « automaton theory ». Si nos ressentis et actions sont déterminés par notre cerveau, comment notre conscience peut-elle les influencer ? Depuis lors, nous en savons bien plus sur le cerveau, et ceci n’est plus uniquement une question théorique. Il est par exemple prouvé qu’un mouvement est déclenché dans notre cerveau avant que nous en ayons conscience. Comment peut-on dans ce cas, parler de libre arbitre ?

Un des défenseurs de cette vision est Sam Harris. Son livre « Free Will » est controversé au sein de son propre milieu. Lorsque j’étudiais la psychologie dans une université catholique, les cours concernaient la question de savoir si une étude scientifique des déterminants du comportement était compatible avec la foi dans le libre arbitre. Pour les athéistes radicaux qui portent l’autonomie de l’individu en étendard, la question n’est pas moins pénible. La méprise réside surtout dans le fait que, dans cette période de sécularisation, nous nous tournons vers la science pour avoir des réponses absolues aux grandes questions existentielles, alors que ce n’est pas le sujet de la science. La science crée des modèles de réalité qui sont testés au moyen de prédictions, d’hypothèses, et qui peuvent être affirmés ou infirmés par la recherche. La science ne peut donc pas prétendre quelque chose « juste comme ça ». Elle est liée à des exigences strictes de prédictibilité.

Affirmer, comme Sam Harris le fait, que la science a prouvé que le libre arbitre n’existe pas, c’est comme dire qu’Euclides a prouvé que deux lignes parallèles ne se croisent jamais. (Si vos études font partie d’un passé lointain : Euclides ne le prouve pas. C’est une assomption, un axiome, nécessaire pour prouver des thèses de géométrie dans son système.)

De la même manière, la causalité et le réductionnisme, sont des assomptions de la science. Ce sont des assomptions utiles car la science réussit particulièrement bien à expliquer ce qui nous entoure. Cependant, à partir d’assomptions, la science ne peut trouver autre chose que des relations causales. Cela ne signifie pas que le monde soit complètement déterminé. Cela signifie seulement qu'approcher le monde comme s’il était déterminé, amène des résultats utilisables. A titre d’exemple, on peut dire qu’une carte de Bruxelles est un modèle utile, mais elle ne prouve pas que la ville soit plate et pliable.

Tout ceci ne signifie pas que nous devions mettre de côté les découvertes des neurosciences. Nous utilisons souvent la métaphore de l'ordinateur pour le cerveau. Mais si notre cerveau est un ordinateur, c’en est un avec différents processeurs, chacun avec une architecture propre, avec son propre système d’exploitation, qui fonctionnent tous de manière autonome, sans unité centrale et avec une capacité limitée de partage d’information. Et il n'y en a qu'un seul qui a une carte son.

A cause de cette transmission limitée de données, nous ne pouvons connaître certaines choses à propos de nous-même que par l’observation de notre propre comportement. Ce qui peut prendre des proportions dramatiques. Au moment où une personne se trouve à côté du corps de son amant, qu’elle vient tout juste de tuer suite à un accès de jalousie, et les autre noyaux cérébraux se rendent compte de ce qui s’est passé, nous comprenons comme il est difficile d’être un être humain. De la même manière, des hommes bons et gentils peuvent se transformer en une bande de génocidaires et commettre des atrocités et ne comprendront jamais de leur vivant comment ils ont pu être capables de les commettre.

Devant de telles situations, nous n’avons souvent aucune pitié vis-à-vis des coupables. Nous tenons quelqu’un pour responsable, en tant qu’individu. Nous pourrions aussi difficilement donner une peine de prison à une partie du cerveau de quelqu’un et laisser le reste partir en liberté.

Les conclusions de la science corrèlent étonnamment bien avec une conclusion à laquelle que Sam Harris arrive aussi de par la pratique de la méditation bouddhique : il n’y a pas de soi à trouver en soi-même. Et s’il n’y a pas de soi, comment est-ce que ce soi qui n’existe même pas pourrait-il avoir un libre arbitre ? En fait, le livre de Sam Harris concerne plus le non-soi que le libre arbitre. Avec cette prise de conscience, ce n’est pas étonnant que son argumentation se tourne vers un plaidoyer pour la compassion.

Nous nous créons une illusion d’unité qui n’existe en réalité pas. Elle n’existe pas dans notre cerveau et encore moins dans notre expérience. S’il y a un endroit (sûr) où c’est clair, c’est sur notre coussin de méditation. Méditer est un processus humiliant. Je ne suis pas du tout celui que je pense être. Encore pire : « je » ne suis pas du tout.

Mais est-ce que, dans les sciences ou dans le dharma, toute notion de libre arbitre doit alors être balayée une fois pour toutes ? Non. Les sciences comme le bouddhisme sont pour cela trop pragmatiques. Dans les recherches en psychologie, on retrouve les termes « locus of control » et plus récemment encore « sense of agency ». Il s’agit de l’expérience de diriger notre propre comportement et de pouvoir faire des choix.

Dans une étude, il est apparu que les étudiants qui devaient lire une argumentation contre l’existence du libre arbitre dans un cours, avaient plus tendance à tricher à l’examen. Le sens du contrôle  est important. Il a des conséquence éthiques. C’est probablement une des choses les plus importantes à apprendre pour un enfant, autrement dit, qu’il a une influence sur le monde. Chez les jeunes en difficulté, on voit souvent qu’ils se sentent victimes et ressentent le monde comme hostile. Tout le monde est contre eux. Ce qui est souvent aussi le cas... Si on leur dit qu’ils peuvent aussi agir, faire quelque chose, ils le ressentent plus comme une accusation que comme une confirmation d’une compétence ou d’une qualité. Parfois, le recours à un comportement violent est la seule manière de retrouver ce sens du contrôle.

Mais alors, la recherche du sens du contrôle prouve-t-elle que le libre arbitre existe ? Pas du tout. Cela prouve uniquement qu’un modèle psychologique qui a pour point de départ le sens du contrôle, donne des résultats utilisables pour expliquer des comportements, les prédire et y remédier. Les neurosciences ont réussi entre-temps à localiser le sens du contrôle dans le cortex pariétal.

Dans le bouddhisme, on ne trouve pas d’effet explicite du libre arbitre. Le terme bouddhique qui est le plus proche de la notion de libre arbitre est probablement karma. Karma signifie comportement et par extension, conséquences du comportement. Pour le Bouddha, on est ce qu’on fait. L’homme est « propriétaire et héritier de son comportement ».

Dans le canon pali, le Bouddha part du principe que les hommes ont le choix. Le Bouddha se rend bien compte que ce n’est pas une sinécure. Parfois, nous sommes comme « un homme faible qui est traîné par deux hommes forts qui veulent le jeter dans un puits rempli de charbons ardents ». Les « deux hommes forts » sont, une image pour les kleshas, le désir, l'aversion et l'ignorance, qui, tels un poison, nous enlèvent notre liberté et nous traînent là où nous ne voulons pas aller. Les neurosciences appelleraient ça le système de récompense. Nibbana n’est rien d’autre que la libération de cette contrainte.

Encore une fois, la méditation est un terrain expérimental parfait. On s’assied sur son coussin et on suit sa respiration. Quelques secondes plus tard, on tombe dans la rêvasserie. On n’a aucune prise sur le moment où on devient distrait. Notre contrôle se situe au moment où l'on se rend compte qu’on est distrait. On a alors le choix : continuer à rêvasser ou retourner à la respiration. Ce choix n’est possible que dans l’instant. Je ne peux choisir ni hier, ni demain, seulement maintenant. Retourner à la respiration est incroyablement simple, et cela vaut pour tous les moments de choix dans notre vie. C’est pourquoi nous cultivons notre esprit à ne pas se laisser emporter par le désir, l'aversion et l'ignorance, à garder ouverte cette liberté de choix  et à ne pas provoquer de souffrance.

Les neurosciences continuent leurs avancées et ont entretemps découvert que la méditation entraîne le cortex préfrontal. En d’autres mots : aucun de ces arguments n’est de taille à contredire l’argumentation de Sam Harris qui dit que le libre arbitre est en fait une illusion et que tout cela est déterminé de manière causale par le fonctionnement de notre cerveau. Il ne s’agit ici cependant pas de questions sur l'absolu mais sur la realité telle qu'elle est vécu. Cela veut dire qu'aucun de ces arguments ne peuvent me retirer mon sens du contrôle. Heureusement !

A côté du libre arbitre, il y a encore une toute autre forme de liberté, qui est celle de l’artiste. Panamarenko construisit des navettes spatiales singulières. Il y ajouta des calculs et des esquisses bizarres, comme un Léonard De Vinci moderne. Un physicien du MIT prit la peine d’étudier l’œuvre de Panamarenko et d’examiner ses calculs. Il arriva à la conclusion dévastatrice qu’il était un excentrique sans respect pour la science. Panamarenko appelait certains scientifiques des « ennuyeux » sans fantaisie.

Il fut un temps où l'on attendait de l’art qu’il produise la beauté. A notre époque postmoderne, on dit parfois que l’art ne doit pas être beau, mais transgressif. Cela signifie qu’il doit marcher hors des cadres habituels, des plis, des attentes, des tabous. L’art nous renvoie de la certitude à l’émerveillement. Probablement que la beauté était transgressive au Moyen-âge. Mais dans un monde où les chaises et les tables et les machines à café sont design, la beauté est devenue banale et l’art montre l'autre côté de la réalité.

La science est pieds et poings liée aux exigences strictes de la prédictibilité. Ca doit marcher. L’art peut se permettre une liberté que la science n’a pas. Frank Zappa dit un jour que la seule chose qui définit l’art, c’est le cadre. Au sein de ce cadre s’applique la liberté totale. La devise de Zappa était AAAFNRAA (Anything Anytime Anyplace For No Reason At All) ou en français: N’importe quoi, à n’importe quel moment, n’importe où et sans aucune raison.

Ce n’est pas important pour un artiste de savoir que les neurosciences ont trouvé entretemps les endroits dans le cerveau qui sont responsables de l’art. Il ne s’intéresse pas à toutes ces rationalisations et à toute cette violence verbale. Toutes ces « confabulations de l’hémisphère gauche » (avec les mots de Sam Haris) ne peuvent lui retirer sa créativité.

Et il y a une liberté encore plus grande. Il n’y a pas de mots capables pour la décrire sans la détériorer, à part peut-être ceux du Sutra du Coeur: « ni œil ou oreille, ni nez ou langue, ni corps et ni esprit … ni chemin et non plus idée, ni atteinte ou non-atteinte ». Krishnamurti écrit à propos de ceci dans son journal intime : « The total denial of the known is the essence of freedom”. C’est le fait d’être prêt à lâcher toute connaissance, tout point d’appui, et même la notion de moi ou de non-moi. C’est une ouverture radicale. C’est la liberté la plus radicale. Là où l’art va à la recherche de l’émerveillement, c’est l’émerveillement même le plus pur. Les mystiques de différentes traditions ont écrit, chacun avec leurs mots, à ce sujet, tout en se rendant compte qu’ils ne pouvaient pas le saisir avec des mots. Dans cette ouverture, il se passe une expérience remarquable. Cette ouverture radicale est la source de l’amour et de la compassion. Ce n’est pas logique, tout comme la vitesse de la lumière n’est pas logique. C’est une perception, un fait observable. C’est l’essence de notre pratique méditative.


Des nouvelles d'Emergences
26 OCTOBRE 2015

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C'est ce vendredi que débutent les congés scolaires en Belgique. C'est aussi, et surtout, ce vendredi que débutent les nouveaux cycles de pleine conscience proposés par Emergences.

- Le vendredi 30/10, de 9h30 à 12h, à Ixelles avec Ozan Aksoyek ;
- Le lundi 2/11, de 10h à 12h, à Court Saint-Etienne, avec Nastasya Van der Straten ;
- Le mardi 3/11, de 19h à 21h30, à Ixelles avec Ozan Aksoyek (mais c'est complet) ;
- Le mercredi 4/11, de 9h30 à 12h, à Ixelles avec Ozan Aksoyek ;
- Le vendredi 6/11, de 13h45 à 16h30, à Liège avec Caroline Jacob.

Nos cycles sont construits sur huit semaines. Vous y apprendrez à inviter dans votre vie la pleine conscience (mindfulness), cette qualité de présence bienveillante, moment par moment, qui peut apparaître quelle que soit l’expérience de l’instant.
Plutôt bienvenu avec les jours qui raccourcissent et l'hiver qui s'installe...

Cinq cycles vous sont donc proposés, 3 à Bruxelles, 1 à Liège et 1 à Court-Saint-Etienne, 3 le matin, 1 l'après-midi et 1 le soir, il y en a pour tous les goûts, alors n'hésitez plus, inscrivez-vous et partagez l'info autour de vous :-).